« Pas besoin d’une étude pour démontrer que la discrimination existe, diront ceux qui la vivent au quotidien. (…) Mais dans un contexte où on tend, ici comme ailleurs, à occulter cette plate évidence qui prend des formes de plus en plus subtiles (…)
Nous vivons dans une société où l’on aime croire que les gens ont tout simplement ce qu’ils méritent. On aime croire que ceux qui travaillent fort et ont du talent réussissent. (…) Ce discours, dominant en Occident, nourrit l’idée selon laquelle le racisme tout comme le sexisme seraient devenus des phénomènes marginaux (…) Quant à la discrimination, on aime croire qu’il ne s’agit que de quelques cas isolés. La réalité est malheureusement un peu plus tordue.
Comment expliquer qu’à diplôme égal, des gens scolarisés au Québec, maîtrisant le français et bien souvent l’anglais, n’ayant pas d’accent perçu comme étranger, connaissant les codes culturels de la majorité et ayant acquis une expérience de travail québécoise affichent des taux de chômage plus élevés que les autres?
Comment l’expliquer sans parler de l’éléphant dans la pièce?
Il est peu probable qu’un employeur dise à un candidat noir tout à fait compétent: »Désolé, on n’embauche pas de Noirs ». Il est plus probable qu’il ne le rappelle jamais ou qu’il lui dise gentiment: » Désolé, Monsieur, ça ne va pas être possible ».
C’est le règne de la discrimination avec un sourire»