« Spécial… Quel qualificatif ennuyant, mais surtout quel adjectif ambigu ! On dit de quelqu’un qu’il est « spécial » pour ne pas le traiter d’iconoclaste, de marginal ou de fou. On n’ose pas tout à fait franchir le pas. On réprime sa répulsion, parce qu’on est en même temps impressionné et dérangé. Il est vraiment… Comment dire ? Spécial !
Ah, certes, oui, il a déjà remporté le trophée du meilleur défenseur, il a « un énorme talent ». Mais que voulez-vous, il est… » spécial » (…) Pourquoi donc ? Pourquoi lui ? Qu’est-ce qu’il a donc de si spécial ? Il parle fort. Il met de la musique dans le vestiaire. Il s’habille mieux que les autres. Il met des chapeaux. Il est copain avec plein de vedettes.
Est-ce vraiment ça ? Les autres sont-ils si unanimement beiges ? (…) Le hockey n’est pas seulement le plus conservateur des sports professionnels en Amérique du Nord. C’est aussi… le plus blanc. Il aura eu, au fond, le malheur d’être le meilleur et le plus spectaculaire joueur noir de la Ligue nationale, qui n’en compte qu’une poignée »